Faute de participer à l’Ironman de Nice, j’ai eu la joie de coacher Bastien Laugerio qui avait l’ambition de réaliser son premier IM. Débutant, il a su me convaincre que son objectif ambitieux était réalisable. Ci après son témoignage :
Mon premier Ironman est bouclé en 10:01:17, 158eme au scratch et 6eme du groupe d'âge 18-24. Cette expérience me donne l'occasion de regarder en arrière, de réfléchir sur le parcours réalisé, les sacrifices, les moments de doute et de joie, tout ça pour arriver sous cette arche. Tout est confus à ce moment, suis-je fier d'avoir terminé, suis-je fier de mon temps, ou tout simplement suis-je fier de voir le résultat de cette année de préparation ?
L’aventure Ironman a commencé 18 mois plus tôt. J'ai décidé de faire de mon rêve un objectif : finir l'Ironman de Nice. La préparation s'annonçait très dure. Je n'avais aucune expérience en triathlon. Je n’avais pris part qu’à quelques compétitions de trail de 3 ou 4 h sans préparation particulière.
Les premier mois passent très vite, je suis plus motivé que jamais. En forme, j’apprends à connaître de plus en plus mon corps et cela me procure une sensation de bien être qui se fait ressentir au quotidien. Mon entraînement se limite simplement à retrouver des sensations perdues sur mon vélo (puisque tout jeune j’ai pratiqué cette activité), à essayer d'améliorer mon endurance et ma vitesse en course à pied et enfin à ne pas me noyer en natation... Débutant en triathlon, je regarde quelques vidéos et lis des articles d'athlète,
Voilà 6 mois que je m'entraîne sans m’essayer. Comme première expérience de triathlète, je participe au triathlon distance M de St Laurent du Var. J’ai beaucoup de pression le jour de cette course. Je sais que je ne suis pas prêt en natation. Cependant, je sens déjà que j'ai fait de gros progrès en vélo et en course à pied. Sur place, j’apprends que la natation est annulée pour des raisons sanitaires. Je suis soulagé mais un peu frustré car cela ne me fait profiter d'une expérience complète sur un triathlon. Je décide alors de tout donner car je suis sur mes disciplines favorites. Ce duathlon s'est finalement très bien passé avec une 11ème place au scratch. Oui ces mois d'entraînement n'ont pas été une perte de temps. Plus confiant et plus sûr, je repars dans ma préparation avec mon plan d'entraînement et un nouvel objectif de performance : finir l'ironman de Nice en moins de 12 h.
Ce n’est que trois plus tard que j’ai compris que la natation pouvait être un point bloquant pour envisager de passer la ligne d'arrivée lors de l'ironman. En effet, l’expérience du triathlon distance M de Nice a été significative. Après seulement 1500 m de natation, je suis sorti de l'eau à bout de force en 40 minutes. Toute cette bagarre dans l'eau est impressionnante, c'était une expérience vraiment nécessaire pour la préparation et surtout pour me faire redescendre les pieds sur terre.
Je demande à deux de mes amies ayant pratiqué la natation de compétition en club de m'aider à me préparer. Même si elles n'ont pas d'expérience en mer, le simple fait de m'apprendre à nager correctement m’a beaucoup apporté. Effectivement après seulement deux mois avec 3 h de natation par semaine, j’ai constaté des progrès. Je me fatigue moins, je suis plus gainé et surtout je nage plus vite ! Par contre en course a pied et vélo, je stagne. Mon plan d'entraînement montre ses limites, j'accumule de la fatigue, j'en ai assez de m’entraîner seul et je perds ma motivation. A six mois de l'échéance, je suis à la limite de renoncer. J'ai besoin de réfléchir et de me relancer. Je décide de changer d'objectif, viser le slot qualificatif. Le pari est plus qu'ambitieux mais moralement cela me donne faim.
A ce moment, je décide de m'investir à fond dans cette expérience et je contact Jean Baptiste Wiroth de WTS dont j'ai entendu beaucoup de bien pour solliciter son aide dans ce nouvel objectif. Il m’oriente sans hésiter vers Frédéric Sultana, avec qui le courant est très bien passé dès le début. Il me canalise sur mon objectif, ce que j ai tout de suite compris, et nous nous entendons pour sur un objectif de moins de 10h sur cet Ironman.
La préparation commence, c'est à la fois excitant et perturbant. Je n'ai pas l'habitude de m'entrainer de cette manière, on planifie des cycles, on utilise le cardio pour analyser et restituer les séances, il faut respecter une intensité d’effort, ... Je m'entraîne plus que sur mon ancien plan, mais celui ci est fait d'une telle façon que je n'ai plus cette sensation de fatigue ressentie et je prends plaisir à m'entraîner.
Ces 6 mois sont passés à une vitesse inimaginable, grâce à Frédéric je me sens prêt. Avec son expérience, on met en place la stratégie de course. Je peux presque déjà m'y voir mais il est toujours là pour me rappeler de ne pas faire la course avant la course.
Nous y sommes, 29 juin 2014, je me remémore les derniers conseils et encouragements de mon coach. Après un petit déjeuner léger je me présente sur la promenade des anglais pour retrouver mon vélo posé la veille. Je vérifie tout mon matériel, je gonfle mes pneu, enfile ma combinaison et sort m'échauffer dans l'eau. Après un bref échauffement de 5 minutes je pars me positionner dans le sas en première ligne. Départ dans 20 minutes, les plus longue 20 minutes de ma vie, je me calme comme je peux, tout le monde est sous pression.
6h25 : les professionnels partent. Ça y est, plus le temps de douter, il faut y aller ! 6 h30 le départ est donné. Je fais le forcing pour rester coller sur 300 m aux premiers et je me sens relativement bien. Au bout de 800 m une vague de nageurs me double, je prends des coups au visage et je bois la tasse mais rien d'assez grave pour me démotiver. Finalement, les deux boucles de 1900 m passent rapidement. A la sortie de l’eau, j’aperçois mon temps 1h15, pile ce que je voulais faire. Après quelques minutes dans les bouchons pour quitter la plage, je prends mon vélo et pars pour 180 km. Je me sens à alaise, la phase d'affûtage les trois semaines passées a payé. Mais il faut rester lucide, l'Ironman est une course de patience comme me l’a répété mon coach.
Le vélo se passe bien j'atteint le col de l'Ecre rapidement et pourtant je ne suis pas encore fatigué. Je ne saute aucun ravitaillement je ne veux pas perdre 1h pour avoir voulu gagner 5 secondes. Arrivé à Caussol, on a le droit à une petite averse qui pour le coup m'a fait beaucoup de bien. Au col de Vence, je commence à ressentir un peu de fatigue musculaire mais je sais que le plus dur est passé. Maintenant, il faut jouer la prudence dans la descente. Je peux reconnaître quelques têtes familières sur le parcours qui me redonnent du baume au cœur.
Dans la vallée, on doit affronter un fort vent de face comme je m'y attendais. J'ai 4h35 de vélo dans les jambes, je décide de modérer mon effort pour pouvoir enchaîner sereinement sur le marathon.
Sur la promenade tout le monde est déchaîné, le public nous pousse à tout donner. Au compteur 5h05 au vélo, je suis très satisfais de ce temps, je descends du vélo et là je sens de grosses douleurs dans les cuisses et je savais qu'elles n'allaient pas partir de si tôt. Je pars donc pour 42,2 km de course a pied sous les encouragements de mes amis, de ma famille et de mon coach.
Je gère la première boucle assez bien, sur la deuxième la douleur s'intensifie et je ralenti, la troisième est un pur calvaire mais j'aperçois mon coach qui m'encourage et me donne quelques conseils, je continu. J'entame la dernière boucle et donne tout ce que j'ai, plus d'économie, plus de gestion. Je sais que je vais passer cette ligne d'arrivée.
Au final 10:01:17, l'objectif des moins de 10h est presque atteint mais aucune déception. Ce que j'ai appris durant cette année de préparation, et plus particulièrement les 6 derniers mois avec mon coach, est la plus belle récompense.
Je tiens à remercier tous mes amis, ma famille et surtout ma copine pour m'avoir supporté durant cette année.
Un gros remerciement à WTS et plus particulièrement à Frédéric Sultana sans qui cette aventure n'aurais pas été possible. Il m'a fait entrer dans une nouvelle dimension du sport.